Épuisement de la terre

Dans L'injustice en armes (Lux Éditeur, 2006), Pierre Vadeboncoeur commente l'article de l'astrophysicien français Roland Lehoucq paru dans Le Monde diplomatique en janvier 2005 et intitulé « Compte à rebours ».

Dans cet article, l’astrophysicien propose une image pour illustrer l'épuisement de la terre sous l'effet de la croissance exponentielle que nous connaissons depuis un demi-siècle. Cette image est celle de la reproduction d'une bactérie dans une boîte.

Je vous donne à lire le compte rendu qu'en fait Pierre Vadeboncoeur aux pages 67 et 68 de son livre.

« Cette croissance, que pendant longtemps l'on ne suppose pas catastrophique, il la compare à la reproduction d'une bactérie dans une boîte. Le nombre de bactéries double, disons, à toutes les 20 minutes. Supposons que le processus commencé à midi avec une seule bactérie se poursuit jusqu'à minuit et qu'à cette heure-là la boîte est remplie, le nombre de bactéries ayant alors été multiplié par 68 milliards... »

« Contrairement à ce qu'on pourrait penser – faites le calcul –, les bactéries, à 22h, n'occupent que 1,5% du volume de la boîte et donc personne ne prévoit encore la catastrophe qui se prépare. À 23h20, les bactéries commencent seulement à s'inquiéter. C'est qu'à 23h40, la boîte sera à moitié pleine. Vingt minutes avant, donc, grâce à des programmes de recherche, on en arrive à pouvoir ajouter trois nouvelles boîtes, croyant ainsi s'accorder énormément de temps additionnel. Pure illusion, car, à cause de la croissance toujours exponentielle, les bactéries n'auront bénéficié que de 40 minutes de grâce : les quatre boîtes seront pleines à minuit 40 ! »

« Ainsi l'humanité sera surprise. J'interprète. La tragédie fondra sur elle, dans ces « 40 minutes », à une vitesse inimaginable. Le phénomène sera imparable alors, selon toute probabilité, vu la complexité inouïe des réalités en cause. Le temps sera passé où l'on aurait pu encore agir avec un minimum d'efficacité. Chaque « minute » perdue aura accru le danger de manière exponentielle aussi. En termes réels, chaque année ou chaque décennie perdues, comme c'est le cas de nos jours, rapprochent terriblement les échéances. »

Pierre Vadeboncoeur conclut ainsi :

« À une certaine échelle, à une certaine profondeur qui devient – qui est déjà – la seule qui compte, il n'y a pas d'autre problème politique que le problème écologique. Il est total, définitif, démesuré. À terme, il se révélera clairement tel, rétrospectivement... »